Colorado Springs, Co (Usa) @ Union Station

1600 bornes, 20 plombes de van, et 1 changement d'heure plus tard, on débarque à Colorado Springs. Y'a aucune trace du Docteur Quinn, mais par contre pas mal de jeunes sont devant l'Union Station, et ça c'est plutôt bon signe !!
Pas vraiment le temps de se dire qu'on est un poil fatigué et qu'on mangerait bien un morceau, le concert a déjà commencé.
La vie en tournée est un éternel recommencement... On décharge, on s'installe, on admire la centaine de CDs collée au mur du fond qui donne à la scène un côté disco des plus étincelant, on balance pas, on râle parce qu'on a pas balancé, et puis finalement c'est juste histoire de râler parce qu'au fond on s'en tape... 1,2,3,4, c'est reparti pour un tour !

Ce soir l'ambiance fait plaisir à voir. C'est blindé de gamins qui chantent à tue-tête et qui pogotent de la première à la dernière chanson. Très grosse date !!

L'après concert est pas mal non plus. Pendant que ça mouline sur The Shilling et que ça skank sur A-Ok's, nous on fait honneur au patron qui nous paye tournée sur tournée... Toujours cette bière brune des plus efficaces... Faut que j'en ramène à la maison !

Comme on a pas d'endroit pour dormir cette nuit, Tiffany, trompettiste des A-Ok's, nous propose de nous héberger chez elle, à Denver... Bah... On est pas a 120 bornes près aujourd'hui, on remballe... Blablabla...
De toute ma vie, j'ai jamais vu autant de bordel chez une meuf... Y'a tellement de trucs amassés ici ou là qu'on pourra jamais tous dormir là-dedans. Une bonne moitié de la bande retourne pioncer dans le van, une autre partie trouve refuge dans la cave, moi j'opte pour une sorte de vestibule/débarras/caisse du chat... Je m'allonge un peu où je peux, un peu où ça me semble être le moins cradingue et je m'endors direct.

Killeen, Tx (USa) @ The Sport Shack

Une douzaine d'heures de route plus tard, on est de retour au Texas. Plutôt que de glander toute l'aprem' par 41°C sur le parking de la salle de concert, on décide de faire un crochet par la baraque des Buzzkillers. C'est cool de les revoir, on papote une poignée d'heures, et comme visiblement certains clichés ont la peau dure, on rassure une de leur copine sur le fait que les françaises se rasent autant sous les bras que les amerloques... Puis on reprend la route. Il nous reste pas plus de 200 bornes à parcourir. Si j'en juge par le nombre croissant de mecs portant un assortiment d'hameçons plantés dans leur casquette, il semblerait que Killeen se trouve dans un coin beaucoup plus rural du Texas.

On arrive enfin sur le parking du Sport Shack. L'endroit est désert et vu l'heure déjà avancée, c'est à se demander si un concert va bien se dérouler ici... Après un tour du proprio doublé d'une rapide investigation, Sean nous apprend que notre concert aura bien lieu, par contre c'est le public qui fait cruellement défaut... Enfin j'exagère un poil. Si j'exclus les gars de The Shilling, je compte 4 entrées payantes plus 3 mecs de l'orga/groupe local, et puis bien sûr les éternels habitués du rad, à savoir 2 mecs au billard et 3 autres au comptoir...
Le deuxième groupe local venant d'annuler, c'est à nous d'ouvrir les hostilités. Foutu pour foutu, on décide de la faire sourire et au taquet. Visiblement ça prend pas mal, la dizaine de spectateurs a la banane, le taulier, particulièrement sensible à notre art, nous ravitaille en pinte d'une délicieuse bière brune à 5%... et puis, à la fin du set, Dirty Fredo nous apprend qu'on a vendu autant d'albums que de mecs dans le bar !!

On aborde le concert de The Shilling a peu prés de la même manière, c'est un peu anarchique comme concept, mais ça a le mérite de rendre la soirée marrante. J'aurais bien prolongé la fête un peu plus, mais ce soir encore, on doit faire la route de nuit. On remballe et on lève le camp avant même la fin du dernier groupe.

Baton Rouge, La (Usa) @ Insomkneacks

Même si on a un peu traîné hier soir et qu'on a plus ou moins dormi sur le plancher, le fait de ne pas avoir passé la nuit dans le van nous a bien requinqué. On émerge tous en fin de matinée, juste à temps pour profiter de la succulente tambouille que nous a concocté la mère de George. Je saurais jamais si c'est son sens de l'hospitalité hors du commun ou l'odeur qui se dégage du sac de certains d'entre nous, mais toujours est-il qu'elle nous offre aussi de faire tourner plusieurs machines pour tout le monde.
C'est donc frais, propre et dispo qu'on déboule à Baton Rouge en fin d'aprem'. L'Insomkneacks est une sorte de libre espace culturel, c'est à dire que si l'envie te prend d'exposer des toiles, déclamer des quatrins ou bien faire résonner quelques barrés... Tu es le bienvenu !!
L'accueil et l'endroit sont super sympa. C'est un peu comme si on se retrouvait dans le salon d'un pote, y'a de la moquette par terre, des canapés un peu partout, et puis pas de scène, pas de retours, juste une batterie et une sono posée dans un coin de la pièce... C'est simple, sans prétention mais complètement efficace !!
Comme tous les jours, vu le nombre de formations qui joue, ça commence tôt. Les deux premiers groupes se succèdent, l'audience se densifie peu à peu, si bien que quand notre tour arrive, la pièce est archi blindée. Y'a pas de clim, juste un gros ventilo à l'entrée... Inutile de préciser que la chaleur est intenable ! Ca tombe le t-shirt du côté de Nico et Belzu, et on attaque le set. Ce soir le concert est terrible, le meilleur depuis Las Cruces. Les jeunes qui sont là retournent l'Insomkneeaks. Toute la pièce danse et chante les paroles, on termine en nage et à bout de souffle. J'aurais pas joué une seconde de plus !
The Shilling enchaîne juste derrière nous, l'ambiance est identique. Pour ma part, j'ai eu mon quota de sueur pour la tournée, je sors prendre l'air. Dehors, je rejoins le reste des Freygolo. Nico a trouvé un tuyau d'arrosage, on décide de prendre une douche sur le parking... On reste encore un bon moment à discuter, trinquer et à prendre des photos avec de nouveaux potes rencontrés pendant la soirée... Puis on remballe et on s'arrache, une fois de plus on va faire la route de nuit !!

West Wego, La (Usa) @ Mvc

On arrive en Louisiane dans la matinée. George, gratteux d'un groupe avec qui on joue ce soir, nous reçoit chez lui, dans une baraque dont l'intérieur ferait pâlir les plus kitsch d'entre nous ! Tout le monde est crevé et jette son duvet un peu où il trouve de l'espace. Pour ma part, après un détour par la salle de bain histoire d'inonder le rideau de douche en velours, je trouve une place au pied du lit à baldaquin d'une des chambres, et comme nous l'a demandé la maman de George, je fais bien attention de ne pas rayer le parquet avec la fermeture de mon sac de couchage...
Plus tard dans la matinée, les SHILLING s'improvisent une répet dans le salon, ils veulent intégrer quelques morceaux de MURDER MAJESTY à leur set, des fois que les fans soient déçus d'apprendre l'annulation du groupe. On glande encore un peu, pas vraiment motivé à l'idée de braver la chaleur et l'humidité du coin, puis c'est l'heure de bouger.
J'sais pas trop si c'est notre van qui est extrêmement lent, ou si c'est l'appréciation des distances qui est complètement erronée, mais toujours est-il qu'une fois de plus les 3/4 d'heures de route annoncées se transforment en 3 heures...
West wego est un petit bled situé sur la rive ouest du Mississippi. On y arrive en fin d'aprem' alors que le concert a déjà commencé. L'endroit est assez bucolique. C'est un champ avec au milieu, une cabane en bois, qui visiblement fait office de salon de tattoo, et sur la gauche, un préau qui abrite ce qui me semble être la scène. Pas mal de groupes ont annulé, c'est donc rapidement à nous d'investir le lieu. Ce soir encore, pas de balances, juste 5 minutes pour s'installer et faire en sorte que ça sonne un minimum... Y'a beaucoup de monde, l'ambiance est super bonne, et pourtant on passe à travers le concert, pas mal de pains et surtout pas du tout dans le match.
Personne n'a envie de traîner ici. On remballe et on trace direction la Nouvelle Orléans. George nous emmène directement à Bourbon Street dans le quartier français. Ca fait un peu zone piétonne ultra-touristique, remplie de bars, restaurants et boites de strip. C'est le genre d'endroit où on fait la fête 24h/24. On traîne ici quelques heures, histoire de descendre des canettes et profiter de l'ambiance puis on rentre se coucher chez George.

Houston, Tx (Usa) @ The White Swan

Neuf heures du mat. Un barouf de tous les diables sonne le glas de ma nuit. J'entrouvre tant bien que mal un oeil encore englué de sommeil et je vois Shane et Mike en train de se cogner dessus. Visiblement le seul conseil que la nuit leur a porté est celui de se foutre sur la gueule...
Un peu las de compter les points et convaincu que la situation ne peut qu'empirer, Shelco décide de prendre le premier avion pour Vegas ce matin. La tournée s'arrétant là pour eux, les Murder Majesty décident de virer Mike et de lui faire profiter de la voiture qui part pour l'aéroport... Et Mike lui, histoire de nous quitter sur une note un peu rigolote, décide de crever les pneus du van...

De sa dernière demeure, Marcel Beliveau doit sûrement se dire qu'il tient là le parfait scénar' pour une prochaine émission, mais même les meilleures histoires ont une fin... bye bye Mike !

Dans un sens, je me dis qu'on aura plus de place dans le van, dans un autre, ça a pas mal plombé l'ambiance. Ca me fait bien chier aussi que Shelco soit parti si vite... Mais comme l'a dit un célèbre moustachu que l'orthodontie a laissé de marbre : "the show must go on"... On charge le van, la bise aux Buzzkillers, direction Houston !!
J'ai pas vu passer les 4 heures de route, j'ai dormi d'un bout à l'autre. Le club se situe dans une banlieue un peu pourrave de Houston. Il est 17 heures et y'a vraiment rien à faire en attendant l'heure du concert. On avise un Subway au coin de la rue et on décide d'aller prendre notre premier repas de la journée.
De retour à la salle, visiblement le promoteur local a fait du bon taf, y'a pas mal d'entrées. Les premiers groupes s'enchaînent. Nous on traîne dans l'arrière-cour, on siffle quelques bières et on constate que, de l'avis général, l'atmosphère est plus détendue depuis que Mike a mis les bouts.
C'est enfin à notre tour de jouer. On manque un peu de place pour pouvoir vraiment être à l'aise, mais le son est correct et une poignée d'excités nous donne assez d'énergie pour envoyer un bon petit set. The Shilling, qui nous succède, donne le même genre de concert. La journée se termine finalement de façon beaucoup plus calme qu'elle n'a commencé, mais c'est pas plus mal ! On charge la remorque et on part dans la nuit.

Austin, Tx (Usa) @ Red 7

On aura roulé toute la nuit et quasiment toute la matinée. Une fois à Austin, Tj et James des Buzzkillers, avec qui on va jouer ce soir, nous prêtent un bout de parquet histoire qu'on rattrape quelques heures de sommeil... La fatigue combinée à la chaleur nous plonge dans un état à mi-chemin entre coma et léthargie. Personne ne bronche jusqu'à l'heure de partir à la salle.

Le "red 7" ressemble à tous les bars qu'on a vu jusque là aux USA. C'est super grand, équipé de billards, d'imitation de baby-foot à treize joueurs, et surtout tu t'attends à tout moment à voir débouler une bande de cow-boys prête à lancer un quadrille. Le concert va se dérouler dans l'arrière-cour. Là aussi c'est immense, grosse scène, grosse sono... Quand on arrive, le dernier groupe du concert de l'aprés-midi est en train de jouer, on en profite pour décharger puis on va se balader en ville. Le centre ville d'Austin semble dédié à la fête et à la musique, y'a des bars, des clubs et des concerts absolument partout.
Quelques parts de pizza plus tard (on en avait marre des burgers), on est de retour au bar. Ce soir, les Shillings ne joueront pas, le promoteur ne veut pas plus de 4 groupes... Le concert débute donc par Al Shire, sorte de rock punk cuivré vraiment bien branlé. Nous, on joue entre Murder Majesty et The Buzzkillers. Il fait super lourd dans la cour clairsemée du "red 7"... On donne ce qu'on peut mais c'est vrai que tout le monde subit le concert. Ce soir, ça sera un set syndical ni plus ni moins. Les Buzzkillers par contre ont la patate, je sais pas si c'est leur énergie débordante ou les 5% de la bière locale mais ça en fait skanker Belzu !!
On remballe et on retourne chez Tj et James. Pas mal de monde a suivi et ça tourne rapidement à la grosse fiesta. Je sens que c'est pas exactement ce soir qu'on va avoir nos 8 heures de sommeil !!!
Force est de constater que l'abus d'alcool n'a pas la même incidence sur tout le monde. Prenez par exemple "Dirty" Fredo, au bout d'une heure il s'affale par terre, sur le sol de la cuisine, et s'endort comme ça au milieu des fêtards... Comme de notre côté, la boisson nous donne un sens de l'humour hors du commun, on en profite pour lui dessiner des trucs obscènes sur le ventre, lui mettre des cornichons dans le nez... "French sense of humour" quoi !!
Par contre, pour d'autre, les effets sont moins amusants. Sur le coup des 4 heures du mat, Mike, pour une raison qui m'échappe un peu, décide d'étrangler Shane. La soirée vire au drame, le visage de Shane prend une inquiétante teinte bleue pâle et tout le monde essaye de s'interposer comme il peut. Au bout de quelques minutes, et surtout à force d'entendre Shane le supplier de lui laisser la vie sauve, Mike lâche prise.
A défaut d'être à la fête, l'ambiance semble au moins s'être détendu, il est 5 heures, je vais me coucher.

Las Cruces, Nm (Usa) @ Code red cafe

Scott et Brent se sont relayés au volant toute la nuit et on arrive à Las Cruces sur le coup des 6/7 heures du mat. Il fait déjà une chaleur intenable. On est accueilli par le trompettiste des Second class citizen et son colloc. Ils nous montrent des piaules, je m'allonge sur un coin de moquette usée jusqu'à la corde et m'endors tout de suite.
Réveil vers midi. On zone un peu dans le quartier. Shane a besoin de bière, y'a un nouveau fast food à tester, un tour à faire à la laverie, on squatte tous les endroits climatisés des environs. On perfectionne notre anglais un peu aussi. Aujourd'hui Scott nous apprend "dingelberries", plus ou moins c'est les bouts de caca qui restent collés dans tes poils quand t'as fait popo... On pourrait croire que c'est pas facile à employer en société, et pourtant on arrive à le placer toutes les deux phrases !!
Puis on commence gentillement à lever le camp pour rejoindre le "code red cafe". C'est une sorte d'énorme bar/salle de jeu avec une petite salle de concert à côté. Y'a une vraie scène, assez grande pour 6, avec des retours, une grosse sono. Super lieu.
Les 3/4 des gens sont au bar à mater du base-ball. On s'installe avec eux histoire de tester la "Tecate", une bière mexicaine. Les mecs sont un peu sidérés de voir des Français au Nouveau Mexique. En fait, ils en avaient jamais vu avant. Ils savent même pas vraiment où se situe la France. Mais l'ambiance est super cool, tout le monde est vachement accueillant.
Pour cette date, les Murder Majesty jouent avant nous, et The Silling après. Visiblement Mike ne veut plus nous succéder... Sa réaction nous surprend tous un peu mais on se plie à sa volonté et on les laisse attaquer. Ils font un trés gros match, si bien qu'on monte sur scène devant un public déjà chauffé à blanc... Avant même la fin de notre premier morceau, ça danse, ça chahute, ça court en rond au milieu de la salle. Ce concert est vraiment génial, on se régale ! C'est le genre de soirée que t'as bien envie de continuer jusqu'au bout de la nuit, mais apparemment y'a beaucoup de route pour rejoindre le Texas. On remballe et on part direct après le concert.